Recherche du réel dans l’illusion
Ces dernières années, l’image générée par intelligence artificielle a fait irruption dans le monde de la création visuelle.
Et si les premiers essais paraissaient encore hésitants, les versions récentes — notamment Midjourney V5, V6 et désormais V7 — ont atteint un niveau de réalisme qui mérite, je crois, qu’on s’y attarde.
J’observe une profusion d’univers imaginaires, créés par d’autres artistes : scènes fantastiques, créatures irréelles, licornes planant au-dessus de décors célestes, vitrines oniriques pour des marques de luxe…
Mais ce n’est pas cet aspect-là qui m’attire.
Ce qui me fascine, c’est lorsqu’on frôle la réalité.
Lorsqu’une assiette de salade, une table bien dressée, ou même un simple jeu d’ombre sur un visage évoquent un instant vrai, presque tangible.
Je le sais : pour avoir photographié des plats, des ambiances, des modèles… reproduire ce genre de scène demande de l’expérience, du matériel, de la patience.
Et là, je me retrouve face à une image IA qui m’étonne par sa justesse.

On pourrait croire que ces outils rendent la création plus facile.
En réalité, ils ne suppriment pas l’exigence, ils la déplacent.
Demander une « image au hasard » peut donner un résultat surprenant, mais obtenir une image précise demande rigueur, sensibilité, et souvent de nombreuses tentatives.
Et il y a aussi une barrière technique.
Même si l’abonnement à Midjourney n’est pas hors de portée, il reste un frein pour beaucoup.
Le passage obligé par Discord, les réglages, le vocabulaire, la logique du prompt… tout cela crée un obstacle invisible.
À mes yeux, cette « étanchéité » à la technologie ne fait que s’accentuer.
Je rencontre de plus en plus de personnes qui s’éloignent de la création simplement parce que cet univers leur paraît abstrait, opaque, presque excluant.

Et pourtant, pour qui accepte d’explorer, c’est une porte ouverte.
Un prolongement de l’imagination, un terrain d’expérimentation.
L’IA générative ne m’apparaît pas comme un outil à défendre ou à combattre. Elle est là.
Et elle mérite qu’on la pratique, qu’on la comprenne — sans prétendre forcément la maîtriser.
Je pense que l’important est de se demander ce qu’on cherche à transmettre avec ces images.
Est-ce une ambiance ? Une illusion ? Un sentiment ? Une idée ?
Et ensuite, avec patience, guider l’outil jusqu’à ce qu’il y parvienne.

Je poursuis cette recherche avec l’idée que l’IA est désormais un outil parmi d’autres à disposition des créateurs.
Un outil imparfait, mais fascinant.
Ce n’est pas parce qu’il est simple d’usage qu’il est dénué de valeur.
Et ce n’est pas parce qu’il est virtuel qu’il ne produit pas de vraies émotions.
En 2025, les choses vont très vite.
Mais c’est justement pour cela que je choisis de m’arrêter ici, un instant, pour partager ces réflexions et ces images.
Une modeste visibilité donnée à quelques feuilles de salade.
Et peut-être, une forme de reconnaissance envers cette nouvelle forme de création.
Merci à celles et ceux qui prennent le temps de les regarder.